La Banque africaine de développement (BAD) est un acteur majeur à Madagascar depuis 1977, avec de gros porte-feuilles dans différents secteurs de développement, rappelle son président, Akinwumi Adesina. Elle a poursuivi sa coopération avec la Grande Île dans un contexte particulièrement difficile, marqué par des « défis de fragilité » comme durant la crise politique qui s’est étendue de 2009 à 2013. Elle a encore accompagné le pays dans son retour progressif à la stabilité. Et le 22 novembre 2017, le conseil d’administration de l’institution financière africaine a approuvé le Document de stratégie pays (DSP) pour l’île, lequel se veut en adéquation avec le Plan national de développement 2015-2019 et les cinq grandes priorités (High 5) de stratégie décennale de la BAD. Le DSP vise à contribuer à la réduction de la pauvreté et à améliorer les conditions de vie de la population, en créant des emplois grâce à une transformation structurelle accélérée et à l’industrialisation. Dans cette optique, la stratégie prévue pour s’étaler sur la période 2017-2021 entend agir différemment. L’accent sera dorénavant mis sur la promotion du secteur privé en tant que principal moteur d’une croissance économique forte, créatrice d’emplois à forte valeur ajoutée, ainsi que sur une croissance géographique équilibrée tenant compte des disparités et des déséquilibres socio-économiques régionaux.
DEUX PILIERS STRATÉGIQUES
Le DSP orientera ainsi les interventions de la Banque africaine qui se positionnera en tant qu’« animateur, connecteur et catalyseur pour la mobilisation de ressources ». Elle renforcera également son positionnement en fournissant des conseils stratégiques à travers des travaux analytiques. Dans les nouveaux axes du document, les thèmes transversaux comme la gouvernance, le genre, les aspects sociaux, l’emploi, les changements climatiques ou l’intégration régionale, seront pris en compte.
Cette stratégie quinquennale aura comme pilier principal le développement des infrastructures d’énergie et de transports. Grâce à des investissements dans ces domaines, l’objectif est de mettre en place un environnement des affaires favorable, plus compétitif et propice, pour attirer le secteur privé. La BAD va ainsi, entre autres, se pencher sur un grand projet de 200 mégawatts qui permettra de résorber le déficit de la compagnie nationale d’électricité et d’aider l’État au niveau des subventions. Elle compte ainsi octroyer une garantie partielle de près de 21 millions d’euros pour attirer l’investissement privé. Cela permettra par la suite d’avoir une garantie de plus de 100 millions d’euros afin de sécuriser les investissements pour le développement du projet.
NOUVELLES ZONES ÉCONOMIQUES SPÉCIALES
La banque contribuera de même au désenclavement des zones rurales qui regorgent d’opportunités économiques, à travers des services de transport accessibles, abordables et fiables, afin de favoriser l’accès des produits au marché national, régional et international. Par ailleurs, le DSP aura pour but de contribuer à la transformation de l’agriculture et au développement de l’industrie en s’appuyant sur des approches innovantes. En ce sens, la BAD interviendra dans la mise en œuvre de réformes des cadres juridiques et réglementaires pour promouvoir la mise en place de pôles de croissance agro-industriels.
Elle compte également apporter son aide au développement de nouvelles zones économiques spéciales (ZES) à vocation industrielle afin d’accélérer la transformation des chaînes de valeurs agricoles, l’industrialisation et la création d’emplois salariés formels. L’institution africaine mènera enfin des activités visant le développement de compétences et l’accompagnement des petites et moyennes entreprises. Un programme chargé.
Source – l’EcoAustra