L’agriculture urbaine reste très importante à Tananarive malgré une forte croissance démographique entraînant un besoin en logements. Selon un état des lieux dressé par des membres de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et du Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad), une disparition progressive des terres agricoles de l’ordre de 6 % s’est fait ressentir sur la période 2002-2016, en raison notamment des remblaiements. Cependant, la plaine rizicole de la ville résiste bien. Ainsi, 36 % de la commune urbaine est constituée de terres agricoles et le Grand Tana, regroupant 37 communes environnantes, forme une ceinture verte avec près de 50 % de terres cultivées. D’après Perrine Brunod du Cirad, un certain dynamisme de ce type d’agriculture a été constaté avec une augmentation des superficies cultivées. Certaines zones de la région ont connu une expansion qui se traduit par une remontée vers les collines. L’initiative de ces parcelles en pente a été prise par les jeunes à cause de leurs difficultés à accéder au foncier et à la saturation des espaces.
TRANSPORT DES DENRÉES À MOINDRES COÛTS
La configuration collinaire est favorable aux cultures maraîchères, de telle sorte que l’agriculture urbaine semble contribuer grandement à la sécurité alimentaire de la capitale. Elle fournit la grande majorité des produits frais de la ville, soit 12 % à 18 % du riz et 80 % des tomates qui y sont consommés.
La pratique est d’autant plus considérée comme un atout qu’elle amoindrit les coûts de transport des denrées alimentaires, favorise le compostage des déchets organiques et contribue à une « végétalisation » plus importante de la ville. Elle a même permis de fortement développer d’autres filières comme l’aviculture. On assiste aujourd’hui en effet à l’augmentation et à l’intensification des élevages de poulets et à la production d’œufs, soit 90 % de l’offre sur le marché tananarivien.
L’agriculture urbaine devrait ainsi davantage être développée afin de rehausser la résilience alimentaire de la capitale. Selon l’institut des métiers de la ville d’ailleurs, elle peut facilement se développer car 80 % à 90% des déchets de la capitale sont organiques.
PARTENARIATS TECHNIQUES ET FINANCIERS
Avec 800 tonnes de déchets domestiques pour Tananarive, il devrait y avoir assez d’intrants issus du compostage. Par ailleurs, des dynamiques sont actuellement en cours pour mieux penser à l’aménagement de la ville et à la place de l’agriculture. Dans ce cadre, le Cirad mène des enquêtes sur le terrain et élabore des cartes pour identifier les zones où l’agriculture est dynamique et résistante. Plusieurs plans directeurs d’urbanisme devront bientôt voir le jour. En outre, les partenariats techniques et financiers dans le domaine de l’agriculture de proximité se multiplient. Depuis 2011 par exemple, le projet d’agriculture urbaine Low Space No Space Antananarivo (Aulna) a été mis en œuvre. Financé par la région île de France à hauteur de 46 000 euros, le concept permet de réaliser des cultures de légumes en espace étroit.
Au fil du temps, on espère ainsi pouvoir évoluer vers des cultures maraîchères à plus haute valeur ajoutée et adopter différentes formes de valorisation foncière où les mêmes terres pourront être utilisées plusieurs fois pour différentes cultures.
Source – L’EcoAustral